Expérience utilisateur > le piratage peut être battu par du payant

Avant, je piratais ma musique. Mais ça, c’était avant … Spotify Premium.

Disons le clairement c’est formidable. Je ne suis évidement pas le seul à le dire, ni le premier. Mais devant tout ce qu’offre ce service de streaming, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que rarement 10€/ mois avaient été si bien placés.

(Je vous passe le débat interne à CosaVostra entre Spotify et Deezer, j’ai choisi mon camp).

Pourquoi pirater ?

Revenons à la situation d’avant. pourquoi je piratais ? Plusieurs raisons, économiques dans une certaine mesure. Autant j’ai les moyens de payer pour la musique que je veux vraiment, disons quelques albums par mois. Mais payer pour toute la musique que j’écoute ? Sérieusement ? Qui veut payer 12€ pour un album écouté une fois, que l’on veut juste découvrir ?

Alors on le télécharge, pour le découvrir. Et puis finalement on ne l’achète pas.

Il existe encore l’alternative de la “Radio”, pas vraiment gratuite, puisque il y a de la publicité (si c’est gratuit, vous êtes le produit), et qui reste trop “mass media”.

Une offre seamless

Et vient donc le moment de franchir le pas, Spotify Premium. Et là non seulement, j’ai accès à des millions de titres, mais je peux les écouter instantanément (pas de download, torrent, ajout MP3), je peux découvrir du contenu similaire (radio d’un morceau), je partage mes playlists, en enrichis d’autres, j’ai lié mon Shazam à Spotify pour ajouter automatiquement dans une playlist la musique que je shazame, je pilote l’autoradio de mes Uber. Je n’ai jamais écouté autant de musique ni découvert autant d’artistes. Je ne conçois même pas de revenir en arrière.

Que faut-il en conclure ? Au delà de la parfaite exécution de Spotify, c’est que le piratage, quelle que soit sa nature, n’est pas toujours lié à la volonté de ne pas dépenser, mais plus souvent est une alternative, voire une réponse, à une pauvre exécution d’un service, du manque de réflexion des éditeurs ou propriétaires des contenus qui n’ont pas compris le concept de user-centrism.

Être user-centric

La personne qui paie et utilise un service doit se voir proposer une expérience irréprochable pour que le piratage ne soit plus une alternative.

Ceux qui l’ont compris aujourd’hui voient leur courbe d’adoption et de revenus exploser. Et le piratage recule d’autant. Bien sûr il ne disparait jamais, mais on peut le réduire.

Ce constat n’est pas uniquement valable pour la musique, voici quelques exemples de services dont l’expérience utilisateur est si bonne que l’offre payante donne un bénéfice à son utilisateur plus grand que pirater pour ce service ou contenu :

Ils ont tout compris

Netflix : Bien sûr je peux pirater mes films et séries, mais pourquoi le faire quand, avec Netflix, j’ai accès à tous les contenus en HD, tous les épisodes d’une série, avec un service irréprochable (la vidéo démarre instantanément, etc.).

PressReader : moins connu du public français, ce service propose un accès à la presse internationale (300 titres en France) pour un abonnement fixe de 25€/mois sur toutes les plateformes imaginables. J’y suis abonné et je découvre des magazines que je ne lirais jamais par ailleurs, donc l’éditeur gagne en reconnaissance de sa marque, est payé et tout le monde s’y retrouve.

Amazon Unlimited : de plus en plus de livres sont piratés – Amazon a réagi avec une offre unlimited, qui s’appuie sur son ecosystem Kindle (le kindle store) pour offrir une expérience inégalée en simplicité pour accéder aux derniers romans. Un clic et votre livre est prêt sur votre liseuse.

Steam : pas d’offres illimitées, mais des périodes de soldes avec des prix défiant toute concurrence, des jeux disponibles en 1 clic, c’est devenu en quelques années la plateforme de référence des gamers.

Demain ?

La presse, les films, la musique, les livres : la culture est aujourd’hui accessible sous abonnements illimités. En tout cas sous 4 de ses 9 formes officielles au XXème siècle. On peut imaginer que, bientôt, d’autres secteurs de la culture (la photographie ? la peinture ? le théâtre ? …) suivent cette piste.

Mais au delà de cela, le piratage pourrait prendre une voie plus matérielle que culturelle. Dans notre quotidien, quantité d’objets ont déjà été imprimés en 3D (des téléphones, des moteurs à réaction d’avion, …). Des plans sont disponibles, légalement ou pas, un peu partout sur internet. Quel sera donc le prochain terrain de bataille du piratage sur Internet ? Je pense que cela pourrait être justement l’échange de plans 3D – on téléchargera illégalement le plan 3D d’une lampe, d’un bijou, puisqu’il est possible de les acheter ! A voir comment les grands acteurs se positionneront pour proposer une expérience sans précédent !